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L'art d'aujourd'hui utilise des media qui nous sont contemporains, comme la photographie, le numérique, la vidéo, les réseaux,.... On continue, étrangement, à appeler media ces expressions alors même que le fait de les appeler ainsi semble plus qu'approximatif.
En effet, sont appelés media la peinture et la sculpture qui constituent des oeuvres physiques, substancielles et uniques. A l'opposé ces "nouveaux" media sont reproductibles et virtuels, ce qui constitue une différence de taille. Pour réduire ce problème, l'emploi d'expressions de substitution, constituant de véritables notions, s'est généralisé. On parlera ainsi volontier de "mass-media", de "nouveaux-media", ou encore, en opposition à toutes les autres, de "post-media". Le débat est épineux et il n'est aucunement question, ici, de tenter de le faire avancer. En revanche, il est interressant de constater les répercussions, sur l'art et la façon de le percevoir et concevoir, les répercussions de ces évolutions.

On aurait pû penser que tout ceci aurait eu des répercussions sur le monde de l'art, ses marché et institutions; que la multiplicité des oeuvres induirait, au moins, de nouveaux comportements... Il n'en est rien. Et bien au contraire, ce sont ces "post-media" qui semblent devoir se plier aux règles de l'art.
Ainsi la photographie, pour reprendre un exemple qui sera développé plus loin, eut recours à la stratégie du tableau dans sa quête de validation artistique. Car en tant que technique de reproduction du visible, la photographie, en ses débuts (comme aujourd'hui encore pour certains), ne réussit à se faire accepter dans le cénacle des beaux-arts qu'au cours de notre siècle et au prix d'une "mutilation": en se rendant unique par la destruction de ses négatifs, en ayant recours à la retouche manuelle, en validant le développement comme une signature, en s'accrochant au mur (en s'encadrant), ... En résumé, la photographie n'acquit ses lettres de noblesse qu'au prix d'une formalisation autre: celle du tableau.

De telles attitudes poussent au quetsionnement: pourquoi certaines formes semblent, en occident, universelles, alors que d'autres modes d'expression se voient "obligés" de les immiter?

La vidéo fait partie du lot: medium bon marché, outil de prédilection des cinéastes amateurs (caméra-clubs, films de famille, ...), hybride (incluant à la fois des caractéristiques sonores et visuelles), objet temporel, ... la vidéo se prête mal au jeu du musée, de l'exposition et du marché. Difficile en effet de l'accrocher sur un mur, de l'exposer dans son sallon ou de la contempler dans un temps désiré... Alors, pour rendre les choses plus appréhendables, pour offrir aux acquéreurs potentiels comme aux spectateurs quelque chose de "reconnaissable", on fait rentrer la vidéo dans des cadres, dans des formes, comme ce fut le cas pour la photographie. Et contre toute attente on l'accroche aux murs comme un tableau (soit en l'encastrant pour faire croire à une factuelle planéité, soit au profit des derniers gadjets hi-tech comme les plasma), ou encore on s'en sert comme matériau afin de l'insérer dans des installations en trois dimentions qui se réclament de la sculpture (les sculptures-vidéo de Paik par exemple).
Il serait donc intéressant de sur ces formes instituées, la forme-tableau et la forme-sculpture, qui dictent leur loi afin d'en comprendre tout à la fois les origines et modes de fonstionnement et enfin en voir les apports et les limites.
Correllativement à ces deux formes s'en développe une troisième, à la faveur, justement de la vidéo. Cette forme s'inspire de loa séance de cinéma, symbole, forme, de ce medium de masse qu'est le cinéma. Alors la vidéo se projette dans des salles, dans le noir... incarnant alors cette nouvelle tendance qu'est la forme-cinéma.

Il semblerait toutefois que l'irruption d'une pensée des réseaux influe sur le monde de l'art. Il en résulte des oeuvres qui refusent l'asservissement à la forme, des informelles, qui cherchent à éviter les modèles (tout en ayant une forte conscience de leur existence). Ces oeuvres correspondent à des dispositifs qui n'ont pas, contrairement aux formes, de référents forts ou de définitions strictes. Ils se composeraient plutôt comme des temps à vivre, à expérimenter, à éprouver. Pour autant cette tendance, cette tentative de création hors-schème, ne dâte pas d'aujourd'hui...

Ainsi, aux formes pourraient s'opposer, comme une ouverture, les dipositifs. De cette opposition ressortiraient les tiraillements de l'art, entre tradition et avant-gardisme, à la lisière des possibles.